Des réseaux asociaux ?
Extraits (adaptés et enrichis pour le web) de l'interview de Christophe Boissonnade,
1er adjoint au Maire, délégué à la Ville solidaire et à la Vi(ll)e numérique.
Le Vicinois : Pourquoi avez-vous fait courir une fake news ?
CB : Rien de plus efficace que la preuve par l’exemple. C’est la meilleure façon de comprendre à quel point il est facile de manipuler les esprits avec quelques images et mots choisis en fonction de l’effet recherché. Cela illustre parfaitement ce que nous vivons quotidiennement avec les réseaux sociaux, à cause de personnes malhonnêtes, d’annonceurs
peu scrupuleux ou de puissances étrangères hostiles.
Je présente mes excuses pour cette fake news à visée pédagogique : il n’y aura pas de gratte-ciel au Champ-du-Loup, mais bel et bien un cimetière dont notre ville a besoin !
Le Vicinois : Pourquoi parlez-vous de réseaux asociaux ?
CB : Plusieurs études universitaires attestent que, sous couvert de nous rapprocher, ces plateformes nous isolent. L’inventeur du « like » sur facebookTM, lui-même parle du « monstre » qu’il a engendré, au point d’en interdire l’accès à ses propres enfants ! Il explique l’addiction provoquée par la libération de dopamine dans le cerveau de la personne qui reçoit un « like », une récompense dont l’effet psychologique équivaut à celui d’une « caresse maternelle dans un océan de frustration » (sic)
C’est une évidence mais l’injonction de l’instantanéité ne permet pas de réunir les conditions d’un dialogue construit, argumenté, voire courtois et apaisé. Au contraire, l’expression écrite sur un format court est source d’incompréhensions qui débouchent trop souvent sur des conflits ou des invectives. Pour l’exemple, ces captures d’écran extraites de la page facebook intitulée « Tu sais que tu viens de Voisins, quand... », courageusement « modérée » par deux comptes anonymes, vous permettront d’apprécier la qualité de l’argumentaire, la profondeur des textes et la gratitude dont témoignent certaines personnes à l’égard de leurs élus ou des agents communaux.
Le Vicinois : À quels dangers sommes-nous exposés ?
CB : Le premier, particulièrement préoccupant, concerne l’explosion du nombre de troubles psychiques chez les adolescents et les jeunes adultes. C’est devenu une question de santé publique. Comment pouvons-nous parler de développement durable alors que nos jeunes générations sont exposées à ce risque plusieurs heures chaque jour ? Je passe sur l’impact environnemental de la quantité astronomique de données consommées par ces usages, comme des ressources naturelles utilisées pour produire les appareils et infrastructures informatiques qui leur sont nécessaires. (Je précise, à toute fin utile, que je ne suis ni Amish ni technophobe, mais je ne m'interdis pas de réfléchir aux externalités de "l'économie" numérique).
Ensuite, ces plateformes, essentiellement américaines, ont été conçues selon (et nous imposent) un modèle de société qui fait coexister des communautés. Il en résulte le
développement d’une culture communautaire assez peu compatible avec les valeurs de la République française qui se veut « une et indivisible ».
Enfin, l’utilisation détournée de ces plateformes représente une menace directe pour nos démocraties. Dans l’histoire récente, l’utilisation habile des réseaux sociaux a permis l’accession au pouvoir du mouvement 5 étoiles en Italie, un parti politique qui n’était même pas constitué. Le scandale « Cambridge Analytica » a révélé que FacebookTM a été utilisé pour faire pencher les électeurs britanniques du côté du Brexit et faire basculer les « swing states » lors des élections présidentielles de 2016 aux États-Unis. Le contexte géopolitique actuel ainsi que les élections européennes accroissent considérablement les opérations de déstabilisation menées sur les réseaux par des puissances étrangères hostiles à l'Occident.
Les récents et néanmoins impressionnants progrès rélaisés par l'intelligence artificielle générative vont considérablement amplifier les manipulations sur les réseaux sociaux. Je vous invite à regarder cet exellent reportage sur les dérives auxquelles il faut désormais nous attendre, rendues possibles par la qualité des images, fabriqueés de toutes pièces à partir de nos données personnelles que nous publions sur les réseaux.
Le Vicinois : Comment s’en prémunir ?
CB : Vérifiez les informations que vous recevez, quelle qu’en soit l’origine, surtout celles qui vous confortent dans ce que vous pensez, ce sont les plus dangereuses ! Méfiez-vous des discours qui apportent des solutions simples à des problèmes complexes.
Le Vicinois : Vous dressez un tableau bien sombre de la situation !
CB : Il l’est et c’est d’autant plus frustrant que ces réseaux sont de formidables outils qui n’ont pas leur pareil pour mobiliser les habitants et les informer rapidement. Ils sont aussi très utiles à l’entraide au niveau local ou pour trouver des bons plans. C’est bien pour cela que nous travaillons à l’ouverture d’espaces numériques citoyens et participatifs, conformes à nos valeurs républicaines, sans “like” ni publicité ou algorithmes qui décryptent nos moindres faits et gestes.
Il serait en effet bien inutile de critiquer l’existant sans proposer d’alternatives constructives. Je vous donne donc rendez-vous dans ces colonnes, les prochains mois, pour vous présenter des nouveautés qui, je l’espère, susciteront l’intérêt des Vicinois !
D’ici-là, je ne puis que vous inviter à utiliser les réseaux sociaux avec modération, dans tous les sens du terme, en conservant un regard critique sur les informations qui y circulent et attentif sur l’utilisation qu’en ont les plus jeunes d’entre nous. D’ailleurs vous retrouverez régulièrement dans votre journal une nouvelle rubrique qui démèlera le vrai du faux des réseaux sociaux.
Quant aux injures et au harcèlement en ligne, internet n’est pas une zone de non-droit et la Ville fait désormais systématiquement constater les infractions par huissier afin de mener des actions en justice pour protéger ses élus et ses agents.